Griesse, Malte
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Suchergebnisse Publikationen
Kosakische Aufstände und ihre Anführer : Heroisierung, Dämonisierung und Tabuisierung der Erinnerung ; Einleitung
2017, Griesse, Malte, Kazakov, Gleb
Les mémoires de la Révolution russe en Union soviétique : espace guerrier ou espaces publics?
2013, Griesse, Malte
Enjeux historiques des journaux et de la correspondance dans la réécriture de l’histoire de la révolution sous Stalin
2009, Griesse, Malte
Cet article explore les dynamiques de l'échange communicationnel à l'époque de Stalin et son impact sur la formation de l'opinion. Alors que les journaux, qui présentent leurs auteurs dans un état solitaire de monologue intérieur, révèlent souvent des étendues d'ambiguité et de doute, une communication engagée, particulièrement entre personnes se faisant confiance, est beaucoup plus à même de donner naissance à des jugements et des opinions clairs, ce qui est de la plus haute importance sur le plan de la capacité critique.
La riche correspondance personnelle de la famille Kravčenko-Spunde, famille de vieux bolcheviks engagés, montre à quel point un échange ouvert peut susciter et renforcer tant le soutien que la critique la plus âpre du système. Ces documents mettent en lumière un changement majeur, le passage d'un soutien quasi inconditionnel au régime stalinien à sa critique de « fossoyeur de la révolution » , condamnation qui émerge du débat politique tenu dans le cercle étroit de la famille. De plus, la défense d'un bien commun à l'encontre du discours public pousse les discutants à transcender leur cercle restreint et à chercher un contre-public indispensable pour lever le soupçon de particularité qui pèse sur les « biens » défendus au sein de ce cercle et pour confirmer ainsi leur caractère de « bien commun ». La tentative d'élargissement du cercle communicationnel mène à une nouvelle activité dans l'écriture mémorielle qui se propose aussi bien de dévoiler les mensonges du système que de révéler un héritage révolutionnaire distinct de la représentation officielle monopolisée par le régime. L'expérience des relations personnelles pendant la révolution joue un rôle essentiel pour cette revendication dissidente d'un héritage révolutionnaire. Camaraderie et confrontation unie face à l'ennemi pendant la guerre civile doivent être distinguées de l'énonciation et de l'élaboration d'opinions lors de débats publics. Seule cette seconde expérience, basée sur la réciprocité, pouvait donner lieu à la constitution d'une personne politique. Le système stalinien craignait cette personne politique et tentait de l'anéantir dans les années 1930, notamment lors des Grands Procès au cours desquels l'expérience des relations humaines et de la confiance pendant la révolution même fut systématiquement sapée par l'accusation d'hypocrisie. This article explores the dynamics of communicational exchanges in Stalin's time and its impact on the formation of opinions. Whereas diaries, which represent their authors in a solitary state of inner monologue, often exhibit expanses of roaming doubt and ambiguity, communication, particularly when it occurs between people who trust each other, is much more likely to give rise to clear opinions and judgments, which is of utmost importance for the question of critical ability. The particularly well-documented personal correspondence between members of the Kravchenko-Spunde family (Kravchenko and Spunde were two highly committed Old Bolsheviks) shows how open communication can elicit and reinforce both support and the harshest criticism of the system. These documents reveal a major shift from almost unconditional support to a profound criticism of the Stalinist regime as "undertaker of the Revolution" – a condemnation that emerged from political debate within the narrow circle of the family. Moreover, the defense of a common good against official discourse drove the discussants to transcend the family circle and look for a supporting public essential to the rescue of the cherished "common good" from the odium of particularity and to the confirmation of the "common" character of this good. The attempt at enlarging the family's communicational circle led to a new activity in memoir writing that aimed at exposing the system's lies and revealing a revolutionary legacy distinct from the official representation monopolized by the regime. The experience of personal relations is central to this dissident claim for a revolutionary legacy. Comradeship and joint confrontation of the enemy during the civil war must be distinguished from the enunciation and elaboration of opinions in public debates. The latter experience, based on reciprocity, was solely able to constitute a political person. The Stalinist system feared that political person and tried to destroy it systematically during the show trials, when the human relations and trust experienced during the Revolution were demeaned with the accusation of hypocrisy.
Pugačev-Bilder vor der Kanonisierung : Transnationale Deutungskämpfe in der Vormoderne
2017, Griesse, Malte
Journal intime, identité et espaces communicationnels pendant la Grande Terreur
2010, Griesse, Malte
Dans les journaux intimes de l’époque stalinienne les manifestations d’isolement et de déprime sont légion. Les diaristes de l’époque ont souvent tendance à culpabiliser et à chercher la faute dans leur for intérieur. Le fait de critiquer le régime et de mettre en cause sa légitimité contribue à les isoler, surtout s’ils ne partagent pas leurs pensées. Cet article examine d’abord la fragilisation du moi par le non-dit et l’impact de l’isolement sur une identification sans bornes avec le pouvoir en place. Il présente ensuite les espaces communicationnels informels, amicaux, voire intimes, qui se dessinent dans les journaux, leur ambiguïté et leurs limites, ainsi que l’impact qu’ils ont sur une prise de distance par rapport au discours officiel. Sont enfin émises des hypothèses sur le point de vue du régime et sur les stratégies qui en découlent dans les interactions concrètes de celui-ci avec les individus.
Soviet Subjectivities : Discourse, Self-Criticism, Imposture
2008, Griesse, Malte
Les soleils de la Fronde : analogies stellaires dans les mazarinades
2016, Griesse, Malte
Je me propose d’étudier le recours au mythe solaire dans les mazarinades. Dans un premier temps, je situerai l’analogie entre soleil et pouvoir dans le champ plus large des différentes métaphores politiques au milieu du XVIIe siècle. Ensuite, je montrerai comment le jeune Louis XIV est comparé au Soleil dans les mazarinades dès 1649, c’est-à-dire bien avant la « fabrication du Roi-Soleil » à la cour, qui se fera après la Fronde. En même temps, je retracerai, au sein de ce jeu métaphorique, les qualifications de nuages, miasmes, éclipses, comètes, etc. attribués aux prétendus adversaires du roi, et je montrerai comment le mythe solaire servit à « illuminer » le passé récent, jusqu’à Henri IV. Finalement je mettrai en relief les attributions solaires à d’autres acteurs politiques en vue de la Fronde, qui contestèrent ainsi au roi le monopole du recours à un mythe qui ne sera établi que par la suite.
Isolation, imposture and the impact of the 'Taboo' in Stalinist society : A diarist on the verge of loneliness
2010, Griesse, Malte
The article reconsiders the significance of atomization in Stalinist society and reassesses the phenomenon of imposture as a constituent part of the system’s functioning. In historiography, impostors have been regarded as subverters who perfectly mastered Bolshevik language and behavioral codes to take advantage of the revolutionary chaos and the system’s dysfunctions: thus they revealed the regime’s incapacity to establish totalitarian control. This view overlooks that parallel to its campaigns for transparency and unambiguity the Stalinist regime systematically pushed large segments of the population into double-dealing, i.e. into hiding central aspects of their (past) lives. The impact of such dissimulation is explored on the basis of an unedited personal diary written by a former Menshevik converted to Bolshevism who silenced his former political allegiance and committed to paper his sufferings from loneliness and political guilt. His diary served him to “leave a trace” and to “find consolation” in “conversations with himself”. It is a liminal document that perfectly illustrates Arendt’s distinction between solitude as a domain of dialogical thinking and loneliness as a state of readiness to succumb to purely deductive logical (or totalitarian) thinking, a distinction that is developed with the aid of the multiple-personality-model as proposed in ego-states-psychology.
Dynamiques et contraintes de la critique à l’époque stalinienne : Traces des pratiques communicatives dans le journal d’A.G. Man’kov
2008, Griesse, Malte
Le présent article analyse le journal personnel des années 1930 d'Arkadij Man'kov (1913-2006). Le premier objectif est d'explorer l'impact de la communication entre proches sur la formation de l'opinion chez le diariste. Alors que Man'kov lui-même se considère plutôt comme un « individu autonome » qui arrive par la seule observation de son environnement à une critique fondamentale du stalinisme comme système d'exploitation de la majorité de la population, voilée uniquement par la façade du mensonge, l'article s'intéresse ici aux conditions préalables à ces prises de position et, par ce biais, à la base de tout potentiel de résistance. Ce nouveau regard sur l'individu à travers intersubjectivité — il est nouveau notamment par rapport aux études sur la subjectivité — se justifie entre autres par le fait que le régime ne s'attaque guère à des individus, mais aux liens qui existent entre eux, liens qui sont appréhendés comme des cadres à même d'engendrer de la critique et qui, à long terme, peuvent déboucher sur une résistance concertée. Le second objectif est de mettre en relief le changement d'atmosphère entre la période précédent l'assassinat de Kirov et l'avant-guerre, changement reflété par les deux parties du journal (1933-1934 et 1938-1941) qui nous sont parvenues. Tandis que, dans la première phase, l'atomisation pèse sur le diariste, on peut observer dans la seconde comment de nouveaux espaces communicationnels s'ouvrent autour de lui. Parallèlement, Man'kov prend conscience d'un nouveau cynisme de la part du régime qui a de plus en plus tendance à (implicitement) inviter ses sujets à l'hypocrisie et au mensonge. La genèse de ce « big deal », qui se caractérise par une indulgence réciproque entre le régime et la population, est analysée sur le fond du potentiel critique qui réside dans la communication engagée au sujet d'un bien commun (généralement révolutionnaire) et susceptible de mettre en péril le monopole que s'est arrogé le régime en tant qu' « héritier » de la révolution. The present article analyzes Arkadii Man´kov's (1913-2006) diary of the 1930s. Its first objective is to explore the impact of informal communication on the formation of the diarist's opinions. While Man'kov considered himself more or less as an "autonomous individual" who managed, through pure observation of his environment, to formulate his fundamental criticism of Stalin's regime as a system of exploitation of the majority of the population hiding behind a façade of lies, this article focuses on the preconditions of this positioning and, by the same token, on the basis of all potential resistance. This new perspective on the individual through inter-subjectivity — it is new in comparison to "subjectivity studies" that have been flourishing since the mid-1990s — is necessary not least because the regime did not actually attack individuals directly, but the ties between them, which it particularly dreaded as communicational spaces, potential harbingers of criticism and in the longer run even of concerted resistance. The article's second objective is to show the change of atmosphere that took place between the years preceding Kirov's murder and the immediate pre-war period, and that is mirrored in the two preserved parts of the diary (1933-1934 and 1938-1941). Whereas atomisation weighed heavy on the diarist during the first phase, in the second phase one can observe how new communicational spaces emerged. At the same time, Man´kov noticed the appearance of a new cynicism on the part of the regime, which increasingly tended to (implicitly) encourage its subjects to engage in hypocrisy and lying. The genesis of this "deal" involving reciprocal indulgence between the regime and the population is analysed on the basis of the critical potential of engaged communication around a common good (generally revolutionary), liable to endanger the regime's monopoly as heir of the Revolution.